Ah, l’agriculture ! Ce secteur vital, ce pilier de l’économie, ce grenier de la nation… En théorie, c’est un rêve idyllique : des champs verdoyants, des récoltes abondantes, des agriculteurs souriants qui nourrissent la patrie. Mais en pratique, c’est un peu comme planter des graines dans du béton : ça pousse difficilement, et quand ça pousse, personne ne sait quoi en faire. Bienvenue dans le monde merveilleux de l’écoulement des productions agricoles en Guinée, où les stocks pourrissent plus vite que les politiques ne se dessinent.
Imaginez : un agriculteur, seul, avec des centaines d’hectares de riz, de manioc, de maïs ou d’igname. Il sue, il peine, il se bat contre les caprices de la météo, les insectes voraces et les sols parfois récalcitrants. Après des mois de labeur, la récolte est là, belle, généreuse, prête à nourrir des milliers de personnes. Mais voilà, le vrai défi commence : trouver un acheteur. Et là, c’est le drame. Les stocks s’entassent dans les magasins, les sacs de riz deviennent des nids à souris, et les tubercules de manioc se transforment en œuvres d’art abstrait. Pendant ce temps, les agriculteurs, ces « nobles travailleurs de la terre », se demandent pourquoi ils se sont lancés dans cette aventure.
L’exécutif, bien sûr, ne manque pas de promesses. Des discours enflammés, des plans stratégiques, des budgets alloués… Mais entre les mots et les actes, il y a un fossé aussi large qu’un champ de maïs non récolté. Les ministères concernés, notamment celui de l’Agriculture, semblent plus occupés à organiser des séminaires qu’à trouver des débouchés pour les productions locales. Résultat : les stocks pourrissent, les agriculteurs s’endettent, et le pays continue d’importer du riz comme si nos champs étaient des décorations.
Ironie du sort, la Guinée est championne d’exportation de riz. Oui, vous avez bien lu : nous exportons du riz pendant que nos agriculteurs peinent à écouler leurs stocks. C’est un peu comme vendre votre voiture pour acheter un vélo : ça n’a aucun sens. Pendant ce temps, les politiques agricoles ressemblent à des vieilles charrues rouillées : elles font du bruit, mais ne labourent plus grand-chose. Les structures censées appliquer ces politiques sont en agonie, et les agriculteurs, eux, sont en mode survie.
Malgré tout, les agriculteurs continuent de croire. Ils croient que demain sera meilleur, que les stocks trouveront preneurs, que les politiques finiront par agir. Ils répètent, comme un mantra, que « l’agriculture se porte bien ». Mais entre nous, à force de vendre des illusions, on finit par se demander si ce ne sont pas les agriculteurs les vrais illusionnistes. Ils nourrissent la nation, mais qui les nourrit, eux ?
Monsieur le Président de la République, Général Mamadi Doumbouya, il est temps de changer la donne. Les agriculteurs ne demandent pas la lune, juste un peu de soutien. Des circuits de commercialisation efficaces, des politiques adaptées, des structures qui fonctionnent. Bref, un peu de considération pour ceux qui nourrissent le pays. Parce que, soyons honnêtes, un pays qui ne peut pas nourrir ses propres citoyens a un sérieux problème.
En attendant, les agriculteurs continuent de prendre leur mal en patience. Les stocks s’entassent, les espoirs s’effritent, et les visages se creusent. Mais ne vous inquiétez pas, l’agriculture se porte bien… du moins, c’est ce qu’on nous dit. En attendant, les champs continueront de verdoyer, les récoltes de s’entasser, et les agriculteurs de rêver à un lendemain meilleur. Parce que, après tout, c’est ça l’agriculture : un mélange de patience, de courage et d’espoir. Mais bon, un peu d’action ne ferait pas de mal.
Alors, chers lecteurs, la prochaine fois que vous mangerez une bonne assiette de riz, pensez à ceux qui l’ont cultivé. Et si vous entendez quelqu’un dire que « l’agriculture se porte bien », demandez-lui s’il a déjà visité un magasin de stockage en Guinée. Parce que, pour le moment, le seul truc qui se porte bien, c’est le stock… qui pourrit.
Facely enquêteur Sanoh, journaliste agricole!
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