Salma Kabbaj, co-fondatrice et directrice d’Impact Lab Maroc, une entreprise qui soutient les startups agritech en Afrique suggère que les données agritech doivent être transformées en recommandations concrètes pour les agriculteurs.
Dans cet entretien exclusif à agridigitale.tg, elle aborde les enjeux de la transformation du secteur agricole en Afrique grâce aux solutions agritech.
Agrididigitale.tg : Comment l’agritech contribue-t-elle à la transformation du secteur agricole en Afrique ?
Salma Kabbaj : En 2050, nourrir 2,5 milliards de personnes sera un défi avec moins de terres fertiles et d’eau disponible.
Les nouvelles technologies aident à optimiser les décisions agricoles, telles que le moment de semer et de récolter, l’utilisation de l’eau et des fertilisants, et la prévision des récoltes.
La collecte des données et l’IA améliorent la productivité, la qualité et l’impact environnemental de l’agriculture. Des innovations émergentes pour les semences, l’équipement et la logistique agricole contribuent également à relever ces défis.
Agridigitale.tg : Citez-nous quelques exemples de technologies visant à améliorer la productivité agricole ?
Salma Kabbaj : L’agriculture utilise désormais des technologies innovantes de collecte de données, telles que des capteurs, des drones et l’imagerie satellite.
En outre, les plateformes en ligne fournissent un accès facile aux informations sur les marchés, les pratiques agricoles et les équipements partagés.
L’utilisation de la blockchain est également en hausse pour améliorer la traçabilité des produits agricoles.
Ces avancées technologiques ont un impact positif sur les communautés agricoles locales, en améliorant les rendements, la qualité de la production et l’accès des agriculteurs aux marchés.
Toutefois, ces outils restent limités aux acteurs clés ayant les moyens d’investir dans l’innovation et l’adaptation des solutions disruptives.
Par conséquent, le principal défi est de développer des solutions d’intelligence artificielle pour transformer ces données en recommandations adaptées aux spécificités de l’Afrique.
Agridigitale.tg : Quels sont les principaux défis de l’adoption de l’agritech en Afrique ?
Salma Kabbaj : Le défi majeur est la démocratisation de l’accès aux solutions technologiques pour les petits agriculteurs qui exploitent la majorité des terres agricoles sur le continent.
Les solutions doivent prendre en compte les contraintes de connectivité, l’équipement et la formation des agriculteurs, leur pouvoir d’achat et la saisonnalité de leurs flux financiers.
Les acteurs institutionnels et les grandes entreprises peuvent jouer un rôle clé en adoptant et en collaborant avec des startups pour développer des modèles win-win.
Agridigitale.tg : La numérisation du secteur agricole pourrait être un double-edged sword selon certains. Qu’en pensez-vous ?
Salma Kabbaj : La digitalisation est indispensable pour maintenir la compétitivité et la survie de tout acteur économique, y compris le secteur agricole. Il est important de protéger ses données et de comprendre l’usage qui en est fait.
Les collaborations entre startups et grandes entreprises doivent être régies par des contrats clairs sur la propriété intellectuelle et les droits d’usage des différentes parties prenantes.
La protection des données est un point sensible que nous prenons en compte dans nos programmes d’innovation ouverte pour garantir un environnement de confiance.
Agridigitale.tg : Comment peut-on utiliser les partenariats public-privé pour favoriser le développement de l’agritech en Afrique ?
Salma Kabbaj : L’agritech nécessite une collaboration entre acteurs publics et privés pour porter les innovations à grande échelle.
Les startups ont besoin de l’appui des grandes entreprises et des acteurs publics pour capitaliser sur les dynamiques de formation, d’équipement et de financement existantes.
IMPACT Lab renforce l’écosystème des startups et accompagne les acteurs institutionnels pour favoriser une collaboration proactive entre les deux univers et accélérer le développement de l’écosystème agritech en Afrique.
L’objectif est d’adopter des innovations à fort impact économique, social et environnemental.
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