Dans la localité de Baranama, située dans la préfecture de Kankan, chef-lieu de la région administrative éponyme, une initiative agricole suscite admiration et espoir. Une fédération pionnière s’est mobilisée pour cultiver plus de 263 hectares de manioc, dans des parcelles soigneusement aménagées sur un sol profond. Cette prouesse, réalisée sans aucune aide extérieure, s’inscrit dans l’objectif d’assurer la sécurité alimentaire dans cette région clé de la Haute Guinée.
Layeba Condé, conseiller agricole à Baranama et principal artisan de cette dynamique, interpelle les autorités et les bailleurs pour une prise de conscience collective et un soutien accru envers ces acteurs déterminants de l’économie rurale.
« C’est la première fédération de production de manioc en Guinée. C’est moi qui l’ai créée, en respectant les normes des groupements agricoles et des organisations paysannes », explique Layeba Condé.
Selon lui, le manioc, bien qu’étant un aliment de base largement consommé dans le pays, reste une filière peu développée et rarement modernisée.
Pour structurer cette initiative, des groupements locaux ont été constitués, puis fédérés, dans le but de développer cette filière essentielle.
« Contrairement à d’autres filières agricoles qui bénéficient d’un soutien relatif, le manioc est encore marginalisé dans les projets de développement. Pourtant, il a un potentiel énorme pour contribuer à la sécurité alimentaire », souligne-t-il.
Malgré l’ampleur de leurs efforts, les membres de cette fédération font face à de nombreux obstacles.
« Depuis la mise en place de ces structures, nous n’avons reçu aucun accompagnement, ni de l’État ni des bailleurs », déplore Layeba Condé.
La question des infrastructures est également un défi de taille. L’absence de clôtures appropriées oblige les producteurs à utiliser du bois pour protéger leurs cultures, ce qui crée des tensions avec les conservateurs de la nature.
« Nous avons invité les autorités à constater sur place les résultats de notre travail. Cependant, les difficultés restent nombreuses : absence de grillages, manque d’appui technique et financier, et des conditions de travail précaires. Malgré tout, les producteurs de Baranama redoublent d’efforts pour faire de cette initiative un succès », explique le conseiller agricole.
Face à ces défis, Layeba Condé lance un appel pressant aux autorités et aux bailleurs.
« L’État et les investisseurs doivent soutenir les producteurs de manioc pour valoriser cette filière et permettre à ces agriculteurs de vivre dignement de leur travail », insiste-t-il.
Malgré les embûches, la fédération de Baranama reste un modèle de résilience et de détermination dans le secteur agricole guinéen. Avec un soutien approprié, cette initiative pourrait non seulement transformer la filière manioc, mais aussi servir de levier pour le développement économique et social dans la région de Kankan et au-delà.
Baranama, à travers ses 263 hectares de manioc, prouve que l’agriculture guinéenne regorge de potentialités inexploitées, prêtes à contribuer activement à l’édification de la sécurité alimentaire nationale.
Facély enquêteur Sanoh , journaliste agricole !