À Moyafara Cissélà, dans la commune urbaine de Siguiri, M. Daman Karamo Cissé, un agriculteur passionné et résilient, montre que la terre, lorsqu’elle est bien exploitée, peut transformer des vies.Depuis plus de 25 ans, cet homme d’une cinquantaine d’années s’est entièrement consacré à l’agriculture, une activité qu’il considère comme une véritable vocation. Cette année encore, malgré des moyens limités, il a réussi à produire une récolte impressionnante : 182 sacs de maïs, 135 sacs de riz et 30 sacs d’arachides sur un total de 12 hectares cultivés.
Rencontré par la rédaction d’Agri224.com sur son exploitation, M. Cissé a partagé les motivations et les défis de sa carrière agricole :
« Mon travail, c’est l’agriculture, rien que l’agriculture. Cela fait plus de 25 ans que je pratique cette activité ici, et, grâce à Dieu, je tire beaucoup de bénéfices à chaque récolte. Cette année, j’ai cultivé 7 hectares de maïs, 4 hectares de riz et 1 hectare d’arachides. Avec mes propres forces et celles de mes trois enfants, nous avons obtenu cette récolte. »
En dépit des conditions parfois rudimentaires, M. Cissé a réussi à transformer sa passion en un moteur de développement personnel et familial.
Grâce aux fruits de son dur labeur, cet agriculteur visionnaire a accompli de nombreuses réalisations :
« Premièrement, j’ai constitué un troupeau de vaches. Deuxièmement, j’ai construit plusieurs maisons ici à Moyafara, mais aussi à Siguiri. Troisièmement, j’ai pu financer le pèlerinage à la Mecque pour mes deux parents. Cette année, si Dieu le veut, j’aimerais moi-même accomplir ce voyage grâce à l’agriculture. Je n’ai pas d’autre métier, mais cette activité me permet de scolariser mes enfants et de subvenir à tous nos besoins. »
Au-delà de sa subsistance familiale, M. Cissé contribue activement à l’économie locale en commercialisant une partie de ses récoltes dans la région.
« Je vends mes produits ici à Siguiri et dans d’autres localités comme Djélibakörö, Boukariya et Balato, où j’ai ouvert des magasins. Cela me permet de diversifier mes revenus et de faire profiter les communautés de mes récoltes. »
Cependant, malgré ses efforts, l’agriculteur se heurte à des difficultés majeures, notamment le manque d’intrants agricoles et d’équipements modernes.
« Les souffrances que nous endurons ici sont liées au manque de matériels comme les tracteurs, les batteuses et les engrais. Toute ma production repose sur un travail manuel effectué par moi et mes trois enfants. Si j’avais les moyens nécessaires, je pourrais augmenter considérablement mes rendements et contribuer à nourrir toute la Guinée. »
M. Cissé lance un appel pressant au gouvernement guinéen, en particulier au Président de la Transition, le Général Mamadi Doumbouya, pour un accompagnement en équipements agricoles :« Ce que je demande au gouvernement, c’est de penser à nous, les paysans, en nous dotant de matériels de travail. Avec des tracteurs, des batteuses et des engrais, je pourrais faire encore plus. »
Soutenir des agriculteurs comme M. Cissé, c’est investir dans l’autosuffisance alimentaire et le développement économique de la Guinée. En mettant les moyens adéquats à la disposition des producteurs locaux, le pays peut non seulement réduire sa dépendance aux importations, mais aussi valoriser le potentiel agricole de ses régions.
L’histoire de cet agriculteur est une preuve vivante que la terre, lorsqu’elle est travaillée avec passion et courage, ne trahit jamais.
Karifa Kansan Doumbouya